Une démarche de QVCT (Qualité de Vie et des Conditions de Travail) est forcément un gros chantier qui implique de nombreux acteurs à tous les niveaux de l'organisation. Pour aboutir, elle doit être soutenue et pilotée au niveau stratégique, conduite au niveau opérationnel au plus près des enjeux locaux et des situations concrètes.
Chez Koban, ce qui nous intéresse particulièrement, ce sont les petits pas de chacun.
Bien sûr, l'organisation se doit d'oeuvrer sur toutes les composantes qui influent sur la QVTC. Mais cela n'exclut pas la contribution de chacun au quotidien.
Le manager est évidemment en première ligne. Sa capacité à ouvrir, pour ses collaborateurs et lui même, des espaces permettant de nourrir les trois besoins interpersonnels fondamentaux est une contribution majeure à la QVTC.
Ces trois besoins sont :
Se sentir inclus, important.
Se sentir capable, influent.
Se sentir apprécié, digne de recevoir de l'affection.
Par exemple :
Je sais que je suis à ma place dans l'équipe. Je ne crains pas d'être ignoré ou évincé.
Je sais que je peux avoir une influence sur le cours des choses, que mes capacités sont connues et reconnues.
Je sais que je peux être moi-même, donner mon avis sans crainte d'être rejeté.
Lorsqu'il en est ainsi, je peux être un adulte capable de dire oui, de dire non, de m'adapter, de prendre du recul, ou de foncer selon la situation.
Si au contraire,
je me sens un peu mis sur la touche, tenu à l'écart parfois.
je me sens comme un exécutant, en difficulté face aux changements et aux nouvelles technologies, non reconnu pour mon expérience.
je m'efforce de donner le change et préfère cacher mes ressentis et avis.
Dans ce cas, je risque d'agir de façon inadaptée aux situations complexes auxquels je dois faire face. Je risque de devenir une personne aigrie, arc boutée sur mes positions, dépendante, maladroite...Les conséquences sur ma qualité de vie au travail seront très fortes.
Pour allez plus loin, je vous propose d'illustrer tout cela par le récit d'une journée de travail. Toute ressemblance avec des faits etc.
Vous travaillez dans des locaux flambants neufs, éco-responsables, conçus par un architecte réputé. Chaque étage est doté d'une salle de pause avec canapé, pouf, machine à café, sièges massant...Il y a même, parait-il, une salle de sieste ! Vous pouvez réserver un créneau avec un ostéopathe, une nutritionniste, un prof de yoga. Votre messagerie ne fonctionne plus le week-end, ni entre 18h00 et 8h00. Votre entreprise a obtenu le label "Great Place to Work". Elle est dans le top 30 du classement des entreprises les mieux notées par leurs salariés. Bref, tout s'annonce bien.
Ce matin, votre badge ne marche pas et l'agent de sécurité (qui change toutes les semaines) ne vous retrouve pas sur sa liste. Il doit appeler votre service. Personne ne décroche...Heureusement un de vos anciens collègues atteste de votre appartenance à l'entreprise.
Vous arrivez à votre poste de travail tout juste à l'heure. Votre manager est visiblement très affairé dans son "bocal". Il a une discussion animée avec vos deux jeunes collègues. Les éclats de rire vous parviennent à peine étouffés par les minces cloisons de verre. Vous vous demandez si vous étiez convié à ce morning meeting ? Rien sur l'agenda...Sur votre poste, vous découvrez un post-it sur lequel vous tentez de déchiffrer le message de votre manager. "Call ASAP Logiprotech". Ok, vous l'avez : il veut dire "appeler le fournisseur du nouveau logiciel qui beugue encore".
Vos collègues sortent enfin de leur joyeuse réunion et se hâtent pour un petit "café/clope" bien mérité. Logiprotech ne répond pas...Heureusement, vous avez votre petite centaine de mails à trier, pleins de procédures toutes neuves à découvrir. La pause déjeuner semble un horizon inatteignable...
Votre manager sort de son "bocal", vous demande si vous avez eu Ben de Logiprotech. Vous n'avez pas le temps de lui répondre car, justement Ben est en train de l'appeler en direct. Il a juste le temps de vous dire qu'il part pour un "lunch meeting". Il vous demande de checker sa Prez pour le copil de demain et disparait en lançant un "ciao" à la cantonade.
Vous êtes parfois séduit par son énergie, son parcours fulgurant, sa "coolitude". Vous vous sentez valorisé par sa confiance et en même temps...vous sentez une pointe d'envie, de frustration.
12h15, enfin ! Le nouvel "asian/world/mex street foodtruck" qui remplace le self d'antan s'est fait dévaliser. Vous optez pour...le seul truc qui reste, un taco veggie au faumage que vous mangez en scrollant machinalement.
Vos collègues reviennent en début d'après-midi. Ils sont allés déjeuner dans un bar à Ceviche "de ouf". Pour se faire pardonner de ne pas vous avoir convié, il vous précise que ce n'est pas votre genre, vous qui vous régalez plutôt d'une généreuse entrecôte bien persillée. Ces deux là s'entendent comme larrons en foire. Il sont sympathiques. L'un d'eux, vous fait penser, à votre aîné qui prépare le même diplôme. Rien à voir avec votre parcours. Vous êtes issue de la promotion interne. Un pur produit maison comme ont dit. Plutôt sujet d'un petit reportage au 13h de feu J.P Pernot que d'un Fast&Curious sur Konbini.
Depuis le départ à la retraite de JiPé et le bore-out de Sylviane, vous êtes le plus ancien. Vous avez renoncé à porter vos fameux ensembles cravates/chaussettes assorties avec quelques regrets. Les petites blagues à répétitions de vos collègues ont fini par vous faire renoncer à cette touche personnelle que vous affectionniez.
Vous avez aussi renoncé à vos blagues qui faisaient tant rire la fine équipe de pionniers que vous étiez. Un de vos collègues a été durement, mais justement, recadré suite à une blague teintée de sexisme mal placé.
Depuis quelques temps, vous pensez à la retraite mais il vous reste tout de même 12 bonnes années à vivre dans ce petit paradis...
Allez, je rembobine, et je change juste quelques petits paramètres avant d'entamer une nouvelle journée.
Vous arrivez de bon matin, l'hôte d'accueil vous salue et se souvient de votre prénom. Sympa !
Vous arrivez juste à temps pour le morning meeting rituel. Vous profitez de ce moment pour partager vos difficultés avec le nouveau logiciel de Logiprotech. Vous proposez d'appeler Ben. Votre collègue propose de faire un point avec vous sur les bugs constatés cette semaine avant votre apppel.
La discussion se prolonge autour d'un café. Vous découvrez à cette occasion que votre jeune collègue est diplômé de l'école que votre aînée vient d'intégrer. Il donne quelques tuyaux bien utiles que vous avez hâte de partager avec votre fille. Bon allez, il y a du pain sur la planche. C'est parti pour la petite centaine de mails, le point avec votre collègue, le call avec Logiprotech...on avance. Du coup la pause déjeuner arrive à grand pas.
Votre manager part pour son lunch meeting avec son homologue de Lyon. Ce sera interessant d'avoir des infos sur ce qu'ils ont mis en place.
Il demande si quelqu'un est ok pour jeter un oeil sur sa Prez pour demain car il craint d'avoir laissé passer quelques boulettes. Vous savez qu'il aime votre sens du détail et vous vous portez volontaire sans hésiter.
Vos deux collègues ont envie de découvrir le nouveau bar à Ceviche qui a ouvert tout près. Vous préférez manger tranquillement dans l'agréable salle de repas. Il y a toujours quelqu'un avec qui discuter si vous en avez envie.
Vos deux collègues et votre manager reviennent en même temps de leur déjeuner. Chacun débriefe sa pause. Le Ceviche de daurade, une tuerie ! Le collègue de Lyon a trouvé la solution pour régler ces bugs à répétitions. Une discussion bien intéressante sur l'IA avec le nouveau Data Scientist. Ces moments de partage, auxquels tient particulièrement votre manager, vous font du bien et vous permettent de mieux vous connaître, de partager des informations utiles ou pas d'ailleurs...
Vos jeunes collègues vous taquinent sur votre ensemble cravate/chaussette assortie avec ses motifs "petits avions". Vous leur apprenez que votre choix est relatif au 47 ème anniversaire du premier vol commercial du Concorde qui tombe ce jour. L'étendue de votre culture leur en bouche un coin. C'est reparti pour une aprés-midi bien pleine...
Je vous laisse trouver dans cette deuxième journée les petits pas de chacun qui font la différence.
En tout cas, je peux vous dire que la deuxième journée est beaucoup plus agréable à vivre !
Comments